Insécurité dans le train

J’arrive dans le train. J’ai envie de regarder par la fenêtre.

Mes trajets en train me donnent un petit instant de pause dans ma journée qui se déroule dans un coup de vent constant. Alors je profite de ce moment en m’asseyant près de la fenêtre. Mais la première question que je me pose est : où mettre mon sac à main ? Ma mère m’a toujours appris à ne pas le mettre par terre, c’est trop sale. Mais elle m’a aussi toujours mise en garde face aux voleurs. Donc le sac ne doit jamais être accessible à quelqu’un qui pourrait l’attraper et partir en courant. Autrement dit, jamais de sac du côté du couloir. Et j’ai toujours respecté cette règle informelle. Le peu de fois où j’ai posé mon sac sur le siège à risque, j’ai pris soin d’entourer mes mains de sa bandoulière. Mais pas cette fois-ci.

Mais aujourd’hui, je suis fatiguée de la longue journée qui s’est écoulée. Alors je me dis « tant pis ». En m'asseyant, je pose mon sac à ma gauche, sur le siège proche du couloir. Je ne prends pas la peine de le tenir en laisse. Je pense d’abord pouvoir me reposer, voire rêvasser. Mais je comprends vite le contraire. Je tente de regarder par la vitre. Les paysages commencent à défiler. Mais mon insouciance ne dure qu’une poignée de secondes. Mon esprit se focalise rapidement sur mes affaires personnelles. Elles, qui sont posées juste là, à quelques centimètres de moi, sont pourtant en danger constant. Accessible à n’importe qui le voudrait. Je me répète que je n’ai rien à craindre. Mais je ne suis pas rassurée. Je jette un œil autour de moi. Les passagers n’ont pas l’air mal intentionnés. Je tente à nouveau de me détendre. Mais rien n’y fait. J’ai toujours grandi dans le stress constant, dans la prudence et la méfiance. Et je ne risque pas de faire confiance aux passagers du train avant un bon bout de temps. Ne jamais dire jamais.

Alors voilà, j’écris cette pensée, mais j’arrive déjà à destination. Le trajet, initialement source de stress s’est finalement transformé en un moment de réflexion et d’écriture hors du temps. Me voilà arrivée à destination. Et mon sac n’a pas bougé.